Le hip-hop Malagasy : ho ela velona ny kolontsaina
Nous le savons tous, la culture hip-hop a vu le jour dans le Bronx à New-York. Plus de 50 ans après, elle est l'une des cultures les plus influentes au monde, y compris à Madagascar.
Le hip-hop est arrivé à Madagascar vers la fin des années 80. Au début, c'était la danse hip-hop qui était au premier plan, et peu après les danseurs se sont mis à rapper. Le hip-hop malgache est largement influencé par le mouvement mondial du hip-hop, en particulier par les artistes américains et français.
Les premiers signes de popularité du rap apparaissent dans les quartiers populaires d'Antananarivo et dans d'autres grandes villes. Les jeunes, influencés par les clips de rap diffusés à la télévision et les cassettes de hip-hop venues d'ailleurs, commencent à reproduire ce style avec leurs propres réalités sociales et linguistiques. C'est en 1992 que la première chanson de rap a fait son apparition, notamment grâce à la diffusion du morceau "Aok' Izay" du groupe Da Hopp, pionnier du hip-hop à Madagascar.
Le hip-hop malgache s'est développé en intégrant des éléments de la musique traditionnelle, tels que les rythmes locaux, tout en conservant l'esthétique urbaine et rebelle du rap. Les thèmes abordés dans les chansons couvrent une large gamme, tels que les problèmes sociaux, la pauvreté, l'injustice et la corruption, aux aspects plus personnels et introspectifs. Les années 90 furent une année propice pour le hip-hop Malgache, car elle a vu naître des groupes de rap qui deviendront plus tard des légendes de la culture, nous pouvons citer des groupes comme : Karnaz, Diosezy, Da Hopp, Bogota, Shao Boana.
Image; Da Hopp.
C'est au début des années 2000 que le rap malgache connaît une véritable explosion à Madagascar. Il est devenu mainstream, les médias locaux commencent à s’intéresser au phénomène, et les stations de radio et de télévision diffusent de plus en plus des chansons de rap. De nombreux artistes et groupes apparaissent, avec des rappeurs comme Raboussa, Name Six, Big Jimda, X crew et 18.3. Ils pouvaient remplir des salles de spectacle comme celui d'Antsahamanitra, c'était aussi l'époque des Afondasy (rendez-vous incontournable de la culture hip-hop), qui réunissaient les artistes urbains pour un concert d'anthologie chaque année. Les expressions des rappeurs sont devenues une expression populaire, utilisée dans la vie quotidienne. C'était devenu un mouvement populaire et la culture hip-hop Malgache avait enfin sa vraie identité.
Au fil des années, le mouvement s'est estompé, mais c'est dans les années 2010 que le rap va retrouver ses lettres de noblesse, notamment grâce à Don Smokilla et son label GasyPloit, qui fera émerger des talents tels que Agrad & Skaiz, Tsota, Odyai etc. Des concepts de battles freestyle tels que les Fantsy lines seront mis en place afin de mettre en avant le talent des jeunes artistes mais aussi les cyphers. Le rap a retrouvé la hype et ne s'est plus arrêté.
Avec le temps, le rap s'est développé, en terme de style et d'écriture. Avant, on pouvait avoir que du rap conscient, avec des thèmes engagés et impactant, mais il y a aussi le rap mainstream, beaucoup plus grand public avec des thèmes plus souples et populaires. Beaucoup de gens dénoncent cette commercialisation du rap malgache, qui a perdu son âme (diront certains), d'autres diront que c'était mieux avant. Mais ne vous affolez pas, il reste encore des rappeurs engagés, du collectif Kolontsaina Mainty, notamment avec le Cyphaka (cyphers) de 2023 qui a pour titre "REPOBLIKA", une chanson devenue culte qui dénonce la mauvaise gestion du pays par nos gouvernants.
Le rap malgache n'est pas mort, au contraire il est plus que vivant et aura encore de belles années devant lui.
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